New York s'inquiète. La capitale de la mode américaine, symbole de dynamisme et de liberté, -réputée particulièrement accueillante pour les entrepreneurs, serait-elle en perte de vitesse ? Sur le site du New York Magazine, le 22 août, Cathy Horyn,

New York s'inquiète. La capitale de la mode américaine, symbole de dynamisme et de liberté, -réputée particulièrement accueillante pour les entrepreneurs, serait-elle en perte de vitesse ? Sur le site du New York Magazine, le 22  août, Cathy Horyn, l'une des journalistes de mode américaines les plus influentes, lance un cri patriotique : " Pourquoi j'ai hâte de voir la nouvelle Fashion Week de New York. " Elle y détaille, presque sur la défensive, toutes les raisons de se réjouir de cette semaine de la mode qui a commencé jeudi 7  septembre : le retour de Tom Ford, la relance de Helmut Lang, le show Calvin Klein par Raf Simons, les voitures de collection exhibées par Ralph Lauren… Mais pourquoi ce besoin soudain de justifier l'importance de New York, qui fait partie des quatre fashion weeks majeures et où règne Anna Wintour, la rédactrice en chef du Vogue américain, à la puissance inégalée ?


La réponse est dans le sous-titre de l'article : " Des designers peuvent toujours quitter New York, ça n'a pas d'importance ". La journaliste fait allusion à l'épidémie de stars new-yorkaises qui ont décidé d'organiser leur show à Paris en  2017. Rodarte et Prœnza Schouler sont arrivés à Paris pendant la semaine haute couture en juillet. Cette saison, c'est Altuzarra qui s'inscrit dans le calendrier des défilés de prêt-à-porter parisiens. En outre, le français Lacoste, qui défilait depuis quatorze ans outre-Atlantique, revient à Paris.

Au-delà des discours officiels – le designer Joseph Altuzarra évoque sa filiation française par son père, les sœurs Mulleavy de Rodarte l'opportunité " d'un changement créatif excitant " – la vraie raison est ailleurs : -Paris, depuis quelque temps, est la ville " hype ", celle où tout se passe. La vague de nouveaux designers au sein des marques institutionnelles a polarisé l'attention, l'exemple le plus frappant étant Demna Gvasalia, chez Balenciaga, qui a enclenché une petite révolution esthétique et sur qui tous les yeux sont braqués. Mais il y a aussi Anthony Vaccarello chez Saint Laurent, -Natacha Ramsay-Levi chez Chloé, Clare Waight Keller chez Givenchy…


Côté américain, en revanche, c'est le calme plat dans les grandes maisons : Ralph Lauren et Tommy Hilfiger ont en commun d'avoir toujours leur fondateur à la tête de la création et de traverser une période financière difficile. Chez les jeunes créateurs américains qui avaient fait grand bruit au début des années 2000 (Phillip Lim, Derek Lam, Prabal Gurung, Zac Posen…), rares sont ceux qui ont véritablement percé hors des frontières américaines. Et puis, même si politique et mode se mélangent peu, les élections présidentielles ont accentué les contrastes : si Macron, le fringant quadragénaire en costume bien coupé, donne une image de son pays plus cool à l'étranger, on ne peut pas en dire autant de son homologue septuagénaire et conservateur à la Maison Blanche.

Le débat du " see-now buy-now "
En dehors de cette conjoncture favorable, Paris semble avoir quelques avantages immuables sur New York. " Par sa concentration de journalistes, de stylistes et d'acheteurs, Paris reste la référence à l'international, alors que New York est plutôt une plate-forme majeure pour le marché américain ", expliqueLaure Hériard-Dubreuil, Française fondatrice de la boutique à succès The Webster à Miami. " La force d'une fashion week repose sur l'équilibre entre les marques qui défilent. Il faut du luxe prestigieux, des réussites commerciales et de jeunes créateurs ", affirme Patricia Romatet, directrice d'études à l'Institut français de la mode.

Si l'on s'en tient à cette définition, Paris est effectivement très solide : la ville rassemble les plus grands groupes (LVMH, Kering) et leurs fleurons, des PME françaises qui cartonnent (Ami, Jacquemus, APC…) et un fort contingent de marques plus confidentielles, toutes nationalités confondues. La proportion de griffes étrangères par ville est d'ailleurs symptomatique de l'aura dont jouit la capitale française : selon la Fédération de la mode, elles représentent 9  % à New York contre 50  % à Paris dans le prêt-à-porter femme.

De son côté, la Fédération de la haute couture et de la mode (qui reçoit les demandes d'accréditation des marques pour participer à la fashion week parisienne, mais ne démarche personne, et tient à le faire savoir) a une opinion très précise de ce qui rend Paris si attrayant. " Le -savoir-faire et la créativité ", affirme Pascal Morand, son président exécutif. Par " savoir-faire ", il signifie que la France est le seul pays qui héberge la haute couture, discipline hyperluxe et très codifiée désignant des vêtements sur mesure ayant nécessité un certain nombre d'heures de travail. Quant à la " créativité ", c'est le mètre étalon en France, le critère premier pour juger de la valeur d'une marque.

Santé insolente vs coup de mou
" Aux Etats-Unis, c'est moins complexe. Si l'on est performant et que l'on gagne de l'argent, c'est bien aussi ", remarque Patricia Romatet. En conséquence de quoi Paris possède une aura " créative " bien plus forte que New York (même s'il n'y a pas forcément moins de jeunes talents aux Etats-Unis) ; d'ailleurs, nombreux sont les Français qui trouvent la Fashion Week de New York " commerciale " – le terme est ici péjoratif.

Cet antagonisme a encore été souligné par le débat enflammé en  2016 autour du " see-now buy-now ", quand des designers anglo-saxons ont choisi de présenter dans les défilés des vêtements qui seraient immédiatement disponibles en boutique au lieu de laisser s'écouler quelques mois. Les Français ont vilipendé l'initiative, estimant qu'il fallait laisser du temps à la création, et que l'attente aiguisait de toute façon l'envie des consommateurs. Un an plus tard, après des résultats peu convaincants, plusieurs maisons américaines adeptes du see-now buy-now, parmi lesquelles Tom Ford et Thakoon, y ont renoncé. Cocorico (bis) !

" Paris, c'est l'histoire et l'héritage, la valeur et la beauté du temps, la qualité et le prestige, mais c'est aussi l'incapacité à avancer. New York, c'est aujourd'hui et demain. Dans un sens, il n'y a pas de passé, donc tout ce qui est nouveau et excitant se développe aussitôt et les gens vont très vite. (…) Paris est parfois un peu trop lente, New York un peu trop rapide ", résume Sies Marjan, un talentueux designer néerlandais installé à New York.

Aujourd'hui, le petit monde de la mode s'accorde à penser que Paris montre des signes de santé insolente et que New York connaît un coup de mou. Le consensus règne pour tout le monde sauf… pour les acheteurs, chargés des achats pour les boutiques et dans les grands magasins. De leur point de vue, la ville américaine reste une référence dans des domaines très rentables comme le denim, le sportswear et l'" athleisure " (qui désigne des vêtements confortables et conciliables avec une pratique sportive, type pantalon de yoga peu flatteur).

" Quelle que soit la force d'attraction de -Paris, New York reste un marché différent et complémentaire, et, de fait, toujours aussi important, affirme Jennifer Cuvillier, directrice du style au grand magasin parisien Le Bon Marché. Et puis, au-delà des défilés, il y a la ville qui reste très inspirante, où l'on voit émerger sans cesse denouveaux concepts… "" Paris reçoit beaucoup d'attention en ce moment, confirme Bruce Pask, directeur de la mode homme chez Bergdorf Goodman, enseigne de luxe new-yorkaise. Mais on sait que par essence, dans la mode, tout est cyclique… " Et que, par les temps qui courent, les cycles sont de plus en plus brefs. C'est le -moment d'en profiter.

Elvire von Bardeleben

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